mercredi 11 octobre 2017

Grève généraaaaaaaaaaaaaale !

Chalut la compagnie !

Pfiou ! Ca fait longtemps hein ? Désolé d'avoir fait le mort. Faut dire que depuis la dernière fois que j'ai écrit quelques lignes par ici, il s'en ai passé des choses ! Dans l'ordre (ou presque) : un sentier molokoï, la plus grande grève générale que la Guyane ait connue, un coup de mou, un tir Ariane, un voyage à Maripasoula, un vol d'appareil photo (sans aile !), une construction de carbet, un tir Ariane, une balade à Régina, une fondue, un cours de cuisine, un tir Ariane, un camp scout, une autre grève, Paris,  un camp scout, Paris, une pause, devenir chef de groupe scout, un tir Ariane repoussé... Pouah ! Comment faire le tri dans tout ça ? Entre ce que je crois qui pourrait vous intéresser, ce qui vous intéresse réellement, et ce qui m'intéresse moi ! Bon du coup, on y va un peu à la braque, dans le désordre (ou presque) cette fois.

Commençons peut-être par ce qui a fait le plus parler, et qui a sûrement été la période la plus bizarre que j'ai eu à vivre par ici... la grève. Du 20 mars au 24 avril, le Centre Spatial Guyanais, puis toute la Guyane se sont retrouvés bloqués. Preuve qu'il en ait qu'il y a un premier manque d'infrastructure en Guyane. Il suffit d'une douzaine de pelés sur un rond point pour empêcher 1700 employés d'aller travailler au CSG ; d'une douzaine d'autres sur le rond point 100m à côté pour empêcher les 25'000 habitants de Kourou de sortir de la ville... Le tout encadré par des gendarmes. Hallucinant ! Vous pouvez trouver une chronologie du déroulement complet de la grève dans le journal du CNES, latiture 5 ici. C'est assez intéressant pour remettre les choses à plat sur ce qu'il s'est vraiment passé et à quel moment. Ici, je vais plutôt parler de mon ressenti. Finalement, comment vit-on dans une ville assiégée pendant 5 semaines ? Une série à rebondissement !

Semaine 1 : la croisière s'amuse.
Le mouvement commence : revendications salariales pour les uns, acquis sociaux à sauvegarder pour les autres, et camions toupies pas bienvenue pour les derniers... De bonne raisons pour bloquer le CSG et le port de Cayenne (c'est comme si finalement, les élèves en difficulté venait taper sur les intellos de la classe : c'est plus facile, et tellement valorisant). Impossibilité d'aller travailler, un lancement reporté (c'est pas de chance quand même, quand ton seul chauffeur habileté à amener Ariane sur le pas de tir est en grève, c'est un peu le caca!), mais rien de grave. Ce n'est finalement que la deuxième fois que cela arrive depuis 10 mois que suis en Guyane... Raté ! A la fin de la semaine, d'autres barrages ont poussés sur tous le département : le port est bloqué, tous les services d'administrations (maries, préfectures,...), les écoles (!?), les magasins, les stations essences, et l'aéroport sont fermés. Cerise sur le gâteau, le directeur du CSG annonce la fermeture complète de la base spatiale jusqu'à nouvel ordre.
On est encore loin de se douter de ce qu'il va arriver. Du coup, on prend notre mal en patience : brunch manif' le matin (nouveau concept : faire un brunch pendant que les autres manifestent), jardinage/bricolage l'après-midi, apéro plage le soir...

Semaine 2 : the clone wars
La France se réveille doucement et découvre qu'elle a des citoyens de l'autre côté de l'atlantique. Mais en période de renouvellement d'empereur (Flambi 1er étant sur le départ), on envoie quelques sénateurs de galaxies lointaines pour régler la situation. On entend ça et là des déclarations poussives : revendications écrites et chiffrées côté collectifs, l'île de Guyane et excuses à deux francs six sous côté gouvernement... Finalement, un plan d'urgence ne convenant à aucun parti est entériné (1 milliard d'euros quand même), les  sénateurs repartent,  c'est qu'on a un nouvel empereur à choisir ! Nous, on peut toujours pas circuler, on fait des réserves de guerre dans nos frigos (faut dire que les bières et le saucisson partent vite !), et on regarde avec patience les défilés et les blocages sur facebook, meilleurs médias d'informations pour savoir ce qui se passe sur notre palier...

Semaine 3 : american history x
La situation s'envenime. On parle de Martin Luther King, on élève des poings vers le ciel et on en installe un (gros) sur le rond point qui amène au CSG. La France ne gère pas grand chose, et tout le monde a oublié que ce symbole, entre autre, est celui de la révolte des noirs contre l'oppression des blancs... Les barrage ont été construits en dur, des herses sont posées pour empêcher les véhicules de passer. Et entre attente, réflexion (telle que : qui va sortir le fusil en premier pour tirer sur l'autre : le chauffeur ou le barragiste ?), et lecture de la presse internationale montrant notre Super U vide de chez vide, on croise les doigts pour que la situation s'améliore...
Le rond poing !


Semaine 4 : pékin Express
Les jardins n'ont jamais été aussi beaux, mais la situation s'est pas améliorée : des revendications indépendantistes sont apparus, des commentaires racistes anti-blanc-colon se font entendre...  Fuyons ! Les barrages empêchant la population de circuler sont ouverts de temps le soir. Il faut avoir un très bonne raison pour passer la journée (un billet d'avion parfois ne suffit pas). Nous mettons en place l'expédition carbet ! Partir un soir, revenir 3 jours plus tard un autre soir, 3 nuits en forêt loin de toute cette agitation... Plus facile à dire qu'à faire, et c'est après trois reports de notre projet que le Salut arrive : Pacques ! Merci Seigneur, les barages seront ouverts durant tout le week-end de Pacques afin que toutes les grenouilles de bénitiers du pays puisse en profiter en famille... nous c'est taillo taillo !

Semaine 5 : qui veut gagner des millions ?
Une table haute fabriquée maison, merci la grève !
Mais en fait, pourquoi on en est là ? Ah oui, le gouvernement a promis 1 milliard d'euros, les négociants côté guyanais en veulent 2 de plus ! C'est la semaine de trop, celle où l'espoir m'a quitté. Résigné, on reprendra notre vie normale quand les autres l'auront décidés... Heureusement, c'était la dernière. Après avoir fait mourir une centaine de petites entreprises guyanaise, le mouvement s'estompe : des têtes pensantes du mouvement partent, et nous pouvons de nouveau espérer. Des promesses sont de nouveau faites côté gouvernement. On ne sait pas trop lesquelles, mais elles ont calmé les esprits, du moins pour le moment.
Le 24 avril, on peut aller dépoussiérer nos bureaux. La question à 2 milliard d'euros de la semaine : comment faire pour rattraper le retard induit par la grève ?

La conclusion de cette histoire, c'est que j'espère au moins que cela n'aura pas servi à rien. Spectateur durant le mouvement, et pas du tout en phase avec la façon de procédé, il n'en reste pas moins que la majeure partie des revendications Guyanaises sont plus que légitimes : la Guyane a un retard en matière de sécurité, d'éducation (chaque année, ce sont 10000 enfants qui sont non scolarisés en Guyane...), d'infrastructure (... faute de place pour les accueillir) d'au moins 30 ans sur la France. Tout le monde s'en fou, de toute façon, sur cette île l'eau elle est même pas bleue ! 

Enfin voilà, depuis la vie a repris son cours. Les vacances ont fait du bien, et promis : les prochains articles seront plus réjouissants (et même si j'avais dit que je parlerai de plein de truc dans celui-là ! Comme quoi, il ne faut pas croire tout ce qu'on vous dit !). On pourra parler scoutisme, pirogue, rhum arrangé et balades... Après, si vous voulez en voir plus, il faudra venir sur place ! Comme d'habitude quelques photos histoire de vous rassurer. Je râle toujours autant, mais en fait, c'est pour vous dire que tout va bien.

La bise.
La Guyane, personne ne vous croira*


Et voilà, un carbet tout beau tout neuf ! Un sacré job pour notre équipe de choc !


Régina

Savannes Roche Virginie

Sentier du Molokoï

*Slogan publicitaire


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